#95 « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur ! »

Le nouveau confinement bouleverse notre économie et nos relations humaines et il ne va pas s’arrêter de si tôt. Or il importe que notre vie ecclésiale ne soit pas confinée ! Et elle ne l’est pas : les liens sont entretenus, la visite des pasteurs est autorisée à domicile, nos églises sont ouvertes tant que possible, la communion eucharistique est donnée le dimanche et parfois même en semaine, les confessions sont possibles, la catéchèse se fait dans nos écoles catholiques et à la maison grâce aux supports merveilleux qui sont transmis par les équipes. Notre vie fraternelle n’est pas confinée. Au contraire ! Nous partageons par notre amitié notre foi au Christ vivant. Nous pouvons multiplier les appels vers les familles ayant demandé un baptême ou ayant eu un deuil depuis les mois derniers. Quant à l’eucharistie en assemblée, elle est interdite par décret de loi, aussi nous patientons nourris par la prière personnelle, la méditation de l’Écriture et nos actes de charité qui sont autant de canaux de la grâce divine. Dieu est grand et rien ne peut entraver sa sainte volonté pour nous rejoindre. Ajoutons un jour de jeûne par semaine ; Jésus nous y invite pour faire face aux adversités et en faire un sacrifice de louange fécond.

J’ai évoqué récemment la figure des bienheureux Carlo Acuntis et Isabel Cristina Campos. Voici que le pape François met en valeur un autre jeune catholique, le bienheureux Joan Roig i Diggle, assassiné à 19 ans en 1936 lors de la guerre civile espagnole. Deux choses le caractérisaient. D’une part son attachement à l’eucharistie quotidienne et à la sainte communion. Il voulait « être le pain rompu et partagé avec les hommes et les femmes de son temps ». D’autre part il était « un garçon sensible aux injustices qui aimait surtout les personnes plus vulnérables. ». Il devint un ardent défenseur de la doctrine sociale de l’Église en s’engageant pour la justice, la paix et la solidarité. Son témoignage de vie et de pensée catholique sont éloquents pour nous aujourd’hui. Dans la lumière de cette belle histoire, les questions que pose le pape François dans son encyclique sont très pertinentes pour ceux qui s’engagent dans la société civile : « Quel amour ai-je mis dans le travail ? En quoi ai-je fait progresser le peuple ? Quelle marque ai-je laissée dans la vie de la société, quels liens réels ai-je construits, quelles forces positives ai-je libérées, quelle paix sociale ai-je semée, qu’ai-je réalisé au poste qui m’a été confié ? » (n°197) N’est-il pas passionnant de considérer l’engagement politique avec cet angle de vue ? Le pape écrit que la politique authentique est animée d’un véritable « amour social ».

Ces figures de saints constituent une merveilleuse opportunité de découvrir leur vie, de comprendre comment chacun d’eux a mis en œuvre l’Évangile selon son charisme, dans son contexte culturel pour répondre à un appel divin et à des besoins humains. Tous, nous sommes appelés à porter du fruit. Cela me fait penser à un fait bien simple mais dont j’aime faire une lecture spirituelle. Mes parents, dans le Nord, ont un jardin avec des arbres fruitiers. Dans ma jeunesse nous avions des poires extraordinaires, mais ces arbres ont disparu. Voici quelques jours une grosse tornade a abattu le dernier pommier, chargé souvent de centaines de fruits très bons. Ce bel arbre s’est couché après avoir vaillamment donné ses derniers fruits. Il est mort comme un bon serviteur. Cela illustre bien la vie d’un saint, celui qui est planté proche d’un peuple de croyants, qui porte du fruit et qui un jour tire sa révérence. Notre foi espère qu’après ce moment émouvant du deuil il y a une vie incroyable, un Amour présent et éternel, une louange parmi la multitude des bienheureux qui voient la face de Dieu, un repos sur le Cœur de Dieu.

Dans les quelques paragraphes qui suivent, continuons à puiser dans l’encyclique Fratelli tutti du pape François. La fraternité espère qu’un lien de cœur rassemble la famille humaine. Créer une fraternité authentique est un enjeu passionnant. Nous sommes différents, nous pensons et nous parlons différemment, nous défendons des convictions parfois opposées ; mais rien de cela n’entache la fraternité : elle en au contraire est enrichie.

Comment est-ce possible ? Cela est possible quand la fraternité est fondée sur l’amour du prochain. Et l’amour du prochain est possible s’il est abreuvé à la source : l’Amour de Dieu. Il est pour cela heureux que chaque personne réponde positivement à l’invitation de Dieu « viens et suis-moi ! ». Encore faut-il que chacun ait connaissance de l’amitié proposée par Dieu.

L ‘encyclique est un texte émouvant mais complexe à résumer car il est déjà la synthèse d’une thématique riche. Il introduit un processus de dialogue pour susciter une culture de la rencontre, pour « être des étoiles dans l’obscurité » (n°222), bienveillantes et réconfortantes afin d’alléger le poids de la vie des autres. Le chapitre 6 de l’encyclique a comme titre « dialogue et amitié sociale ». Il s’achève sur la nécessaire bienveillance qui libère de la « cruauté », de l’empressement et de l’anxiété, ces maux qui séparent les hommes et empêchent d’inspirer une culture vivante et fraternelle. La bienveillance se cultive jour après jour par des paroles de bonté et des actes de soutien mutuel. Cela s’exprime par la règle d’or de l’Évangile « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. » (Mt 7,12)

Le pape détaille les fausses routes du dialogue, quand certains sont disqualifiés à cause de leur propre culture, de leurs origines ou de la pauvreté. Le dialogue ne peut être une négociation menée en vue d’avantages personnels ou d’accaparement de biens au profits de groupes particuliers. Il n’est pas un échange fébrile d’opinions comme souvent sur les réseaux sociaux. Il n’use pas de termes humiliants pour disqualifier les autres. Il ne cherche pas à manipuler.

Bien au contraire le dialogue requiert un échange ouvert à la diversité, en quête de vérité, dans le respect des expériences de chacun. Aussi faut-il rejeter la prétention de savoir ce qui est bon pour les autres sans tenir compte de leur acquis et de leur culture. Le respect de la dignité de toute personne passe par ce dialogue dans lequel chacun trouve une écoute vraie et aimante. Rappelons-nous combien de personnes marginalisées ont perçu en Jésus-Christ celui qui les écouterait et les appellerait. Son regard se posait sur les lépreux, les malades et les parias. Il les voyait « comme on regarde une personne » pour reprendre la belle expression de sainte Bernadette au sujet de la Vierge Marie à Lourdes. Le pape François n’évoque pas seulement la rencontre et le dialogue comme des rendez-vous bien organisés, mais il parle d’une nouvelle culture de la rencontre. La rencontre devient culture entre les humains, elle est un art de vivre permanent. Elle ne cherche aucunement un résultat matériel. Cette culture permet des relations nouvelles entre les êtres. Particulièrement, les pauvres et les oubliés trouveront un espace dans ce dialogue pour être acteurs de cette nouvelle culture. Dans ce projet de nouvelle culture, subsidiarité et solidarité se tiennent ensemble pour que les fidèles créent ensemble un projet global au service du bien commun.

L’encyclique du saint Père nous offre des éléments pour méditer et façonner les voies nouvelles pour demain. Je vous encourage encore à redoubler de fidélité dans la prière et le jeûne. Les murs de Jéricho doivent tomber ! La pandémie s’arrêtera. Nous désirons nous rassembler pour célébrer le Seigneur lors de la sainte messe. En attendant, nous avons une conviction : « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. » (2Co 5,17)

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Prions Notre-Dame du Sacerdoce dans nos foyers et demandons des vocations sacerdotales.

 

Vierge Marie,

Mère du Christ Prêtre,

Mère des prêtres du monde entier,

Vous aimez tout particulièrement les prêtres,

Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,

Et vous l’aidez encore dans le ciel.

Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,

Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,

Qui nous donnent les sacrements,

Nous expliquent l’Évangile du Christ,

Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,

Les prêtres dont nous avons tant besoin,

Et puisque votre cœur à tout pouvoir sur lui,

Obtenez-nous, ô Marie,

Des prêtres qui soient des saints. Amen.

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