#170 « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! »

C’est au cours de l’octave de Pâques, c’est-à-dire les huit jours après cette grande fête, que je vous adresse ce message. Huit jours pour vivre et célébrer la résurrection, pour avancer vers le dimanche de la divine Miséricorde. La liturgie est maintenant festive, le blanc est couleur de la joie. Nous écoutons lors des messes les récits des rencontres du ressuscité avec les apôtres, les femmes, les disciples d’Emmaüs. C’est le commencement de la mission de l’Église, et Jésus prend le temps de préparer ses disciples avant son ascension.

Après sa résurrection, Jésus apparaît de manière nouvelle, son aspect n’est plus le même. Sa résurrection l’a fait entrer dans une nouvelle dimension : glorifié, il n’est pas toujours reconnu par ses proches. Il n’est plus limité par les objets matériels, ainsi peut-il se tenir avec les apôtres dès le premier soir bien que les portes de la maison soient closes. Il rejoint les lieux de rencontre comme par miracle, retrouve Pierre et ses compagnons de pêche sur le bord du lac de Tibériade pour partager un repas de poisson.

C’est donc une semaine de récits merveilleux et de chants d’allégresse car le temps pascal qui commence et qui va durer jusqu’à la Pentecôte est important pour vivre la résurrection, et nous préparer à un renouveau dans l’Esprit Saint.

L’octave de Pâques se superpose avec la neuvaine de la miséricorde. Qu’est-ce qu’une neuvaine ? Depuis des siècles, il est fréquent de vivre un parcours de neuf jours de prière en vue d’obtenir des grâces particulières. La première neuvaine date de l’Ascension de Jésus et de l’attente de la venue annoncée du Paraclet, le Saint Esprit, attente que vivent en prière les apôtres avec la Vierge Marie dans la salle du Cénacle à Jérusalem. Cette attente patiente fut la première neuvaine. L’Église nous invite à prier une neuvaine, pour nous préparer à célébrer le dimanche de la Miséricorde. Cette belle fête a été instituée par saint Jean-Paul II afin d’honorer la demande que le Christ lui-même fit à sainte Faustine Kowalska. Prions donc cette neuvaine de la Miséricorde, et supplions cette année le Seigneur d’envoyer une onction de son amour pour chacun de nous et pour ce monde éprouvé par bien des souffrances et la guerre.

Ce message de la Miséricorde est fondé dans l’Écriture sainte qui nous révèle que la Miséricorde est plus qu’une qualité : c’est la nature même de Dieu. Cloué au bois de la Croix, Jésus disait à son Père « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Jésus n’a cessé, par ses actes comme ses enseignements, de prêcher la miséricorde. Il demande que celui qui nous offense soit pardonné soixante-dix fois sept fois. Dans son premier enseignement sur la montagne face au lac de Tibériade, il annonce : « bienheureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde » (Mt 5, 7). Lorsqu’il apparaît à Pierre, qui l’a renié lors de sa passion, il le réintroduit dans sa confiance en lui demandant par trois fois s’il l’aime puis en lui donnant la mission d’aller annoncer le Royaume de Dieu. Dans l’histoire de l’Église, nous aurions aimé que les hommes d’Église puisent toujours dans les paroles de Jésus cette invitation à la Miséricorde. La vision de l’Ancien Testament a pu demeurer tardivement dans l’esprit des responsables. Même la loi du talion, œil pour œil, ne fut pas aisément abolie. Ne faut-il pas une force d’âme, un courage presque surhumain pour appliquer la miséricorde à qui a gravement fait le mal ? Il fallut que Dieu envoie souvent des prophètes, des saints, des messagers qui aujourd’hui encore annoncent l’amour miséricordieux.

Dans ses apparitions à Paray-le-Monial, en 1673, le Christ a montré son côté transpercé rouge feu, comme « une flamme ardente en forme de cœur », signifiant l’amour qui y brûle. À sainte Marguerite-Marie, visitandine, il lui dit « voici ce cœur qui a tant aimé le monde ». Et encore « mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier » qu’il ne peut, «  plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité… ». La miséricorde divine se fait passionnée pour atteindre le cœur et la volonté des personnes afin qu’elles choisissent de l’accueillir. Mais souvent, déplore Jésus, c’est l’ingratitude qui prédomine !

Au long des siècles le message de Paray-le-Monial fut connu et répandu. Combien de lieux, dans le monde entier, furent ainsi confiés à la protection du Sacré-Cœur ? Pourtant, faute d’écouter l’appel divin à la conversion, à l’amour et à la communion, les peuples s’affrontent et se déchirent. Mais Dieu ne cesse de répéter qu’il est miséricordieux. C’est ce qu’il révèle à nouveau, avant la terrible seconde guerre mondiale, à une jeune religieuse polonaise qui reçoit de Jésus des révélations qu’elle consigna dans son « Petit Journal ». Cette religieuse se nomme Faustine Kowalska. Après la guerre, Karol Wojtyla devenu évêque de Cracovie, qui sera plus tard le pape Jean-Paul II, recueille ces textes pour les authentifier et répondre à la demande de Dieu d’instituer un dimanche de la divine Miséricorde, celui qui suit Pâques. Jésus demande que chacun de nous accueille la Miséricorde qui passe avant la justice divine.

Dans le diocèse de Chartres, Gallardon, village situé à l’Est, est devenu ce haut lieu pour goûter la Miséricorde, auprès des reliques de sainte Faustine, saint Jean-Paul II et saint Stanislas. On y prie quotidiennement le chapelet de la Miséricorde. C’est une dévotion simple et féconde pour être rejoint par la grâce de la Miséricorde et demander celle-ci à Dieu tant pour soi que pour le monde entier.

Comment ne pas conclure ce message sans dire un mot sur l’élection présidentielle de dimanche ? Nous avons le choix entre deux personnages fort différents. Certains électeurs vont s’abstenir, ce qui est grave puisque le droit de vote est crucial pour une authentique démocratie. En France, à la différence de tant de pays dans le monde, ce droit est acquis et respecté puisque toutes les voix sont comptées et attribuées. Mais pour qui voter cependant ? Aucun candidat ne peut satisfaire toutes nos attentes. Aucun n’est le Messie. La campagne présidentielle a elle-même occulté des thèmes importants. Qui parle de l’éducation ? Qui parle de la culture ? Qui parle des personnes en situation de handicap ? Qui parle des pauvres et des marginaux ? Qui apporte un vrai projet écologique ? Qui parle de fraternité et des moyens pour la retrouver ? Qui apporte une espérance ? Tous, en revanche, parlent du pouvoir d’achat, lors-même que la guerre frappe l’Europe et nous rappelle que l’heure est à la sobriété. Beaucoup dénoncent l’immigration quand tant de gens ne peuvent plus vivre dans leur propre pays. Beaucoup évoquent le droit d’éliminer les enfants in utero (l’avortement) et nos anciens (l’euthanasie) sans attendre la mort naturelle. Certains souhaitent une vraie rupture en politique. Mais elle ne peut advenir au dépend de la communion et de l’égalité des droits. Un vrai projet politique ne peut oublier le bien commun, la sauvegarde de la maison commune, la place des petits à qui ne bénéficie pas l’avancée technologique et financière.

Pour aller voter le cœur léger, il nous faut une bonne dose d’espérance en l’homme. Il nous faut une source intérieure, et quelle est celle qui puisse être plus puissante que le Cœur de Jésus plein d’amour pour nous ? Le psaume dit « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 84, 11). Qui portera ces valeurs ? Il nous faut prier pour notre pays et nos futurs élus.

Reprenons une belle prière de Padre Pio :

« Restez avec moi, Jésus, parce que dans cette nuit de la vie et des dangers, j’ai besoin de vous. Faites que je vous reconnaisse comme vos disciples à la fraction du pain, c’est-à-dire que la communion eucharistique soit la lumière qui dissipe les ténèbres, la force qui me soutienne et l’unique joie de mon cœur.

Restez avec moi, Seigneur parce qu’à l’heure de ma mort, je veux rester uni à vous sinon par la communion, du moins par la grâce et l’amour. 

Restez avec moi, Jésus, je ne vous demande pas les consolations divines parce que je ne les mérite pas, mais le don de votre présence, Ôh oui, je vous le demande.

Restez avec moi, Seigneur, c’est vous seul que je cherche, votre amour, votre grâce, votre volonté, votre cœur, votre esprit, parce que je vous aime et ne demande pas d’autre récompense que de vous aimer davantage, d’un amour ferme, pratique, vous aimer, de tout mon cœur, sur la terre, pour continuer à vous aimer parfaitement pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il. »

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