#157 « Les psaumes, une richesse pour notre prière ! »

Soyez remerciés pour vos messages suite au thème que j’ai abordé la semaine dernière sur les offices des heures. Plusieurs m’ont dit les prier au quotidien et nous formons ensemble une belle chaîne de prière. L’Église tient par la prière de tous et elle s’élève au sein de notre société qui oublie Dieu pour lui faire signe, celui de la présence du bien-aimé. Quand l’apôtre Paul nous encourage à être des lumières au milieu de notre génération perdue (à son époque déjà !), c’est parce qu’il comprend que nous avons mission de recevoir du Christ toutes grâces pour illuminer les rapports humains de bienveillance et d’espérance. En se concentrant surtout sur la pandémie et les prochaines élections dans un esprit le plus souvent d’opposition partisane, les médias n’offrent ni vision ni projet de société qui nous fasse rêver. L’Église n’a-t-elle pas une autre voix à faire entendre par la bouche et grâce aux talents des catholiques, et je parle de vous les fidèles, dans toutes les agoras de l’espace social ? Que ceux qui ont une plume écrive, que ceux qui ont un pupitre parlent, que ceux qui animent des lieux de rencontre le fassent au nom de Jésus. Que nous sachions rendre compte de la source de notre espérance pour proposer un projet de société qui n’exclut personne ni dans sa conception ni dans ses finalités. C’est pour cela aussi que nous prions intensément et devons le faire afin d’être inspirés par le Saint Esprit qui nous enseignera toutes choses dit Jésus.

Aussi, puisque les psaumes sont la part importante de ces offices, j’aimerais vous en dire quelques mots. Le psautier est un des livres de l’Ancien Testament et il forme le cœur de la prière liturgique juive. Écrits en partie par le roi David, certains psaumes nous emmènent vers l’an 1000 avant J.C., autrement dit loin dans l’histoire. On peut les appeler « les louanges », ce sont aussi des poèmes. C’est dans la version égyptienne de la Bible, traduite en grec deux siècles avant J.C., qu’on les appelle psaltérion, mot duquel découle le français psaume. Mais qui était le roi David ? Nous savons que David fut un jeune homme roux, qui gardait le troupeau de vaches de son père lorsque le prophète est envoyé pour l’oindre en tant que futur roi. Il fut le dernier de sa fratrie : son père oublia même de le nommer au prophète Samuel qui s’enquit s’il n’y avait pas un autre enfant. David fut un guerrier intrépide et maintes fois victorieux sous le règne de roi Saül, son beau-père, au point de susciter la jalousie de celui-ci qui échafauda plusieurs tentatives d’assassinat. David en réchappa tout en préservant son adversaire car il était l’oint de Dieu, c’est-à-dire celui que Dieu avait choisi et consacré par l’onction. Plus tard, David, devenu roi à son tour, fut adultère avec Bethsabée et fit pénitence pour obtenir le pardon divin. Son fils Salomon lui succéda et construisit le magnifique temple de Jérusalem malheureusement détruit par les babyloniens trois siècles plus tard.

Ainsi, David connu comme soldat, puis comme roi, devint le chantre du Seigneur qui fait miséricorde. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé », dit l’Écriture. Il est le principal compositeur des psaumes à qui on en attribue 73. Ils sont écrits en hébreu et la connaissance de cette langue permet d’apprécier le rythme car ils sont rédigés en vers. David est considéré comme la figure du pénitent pardonné et du Messie ; pris au milieu de son peuple il révèle la grandeur de Dieu et sa fidélité éternelle pour son peuple. On parle de la harpe de David, avec laquelle il accompagnait ses psaumes. D’autres psaumes sont écrits plus tard par des priants qui y expriment leurs sentiments, leurs douleurs et leurs joies.

Du cri du malheureux ou du persécuté à la louange du croyant, ces vers nous rejoignent dans nos propres expériences existentielles. L’Esprit saint nous conduit par leur méditation vers un acte de foi. Par exemple le psaume 21 commence par « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » (v1), verset que Jésus crucifié et agonisant crie au Père, et s’achève par « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! » (v29) exprimant un profond acte de foi. À l’époque de Jésus, tout juif connaît les psaumes, on les apprend par cœur pour les avoir sur les lèvres en tout temps. La Vierge Marie les connaissait pareillement. Lors de la visitation, en rencontrant sa cousine Élisabeth, elle commence son Magnificat en s’inspirant du psaume 33 « mon âme exalte le Seigneur ». Ces psaumes sont une matière vivante au cours de l’histoire liturgique. Ils sont adaptés au chant et leur texte originel subit bien des modifications selon les époques. On peut y voir l’œuvre de l’Esprit qui permettait aux priants d’en recevoir une plus grande richesse spirituelle. Effectivement ces prières sont faites pour être chantées et il serait bon que nos équipes liturgiques apprennent à les chanter durant les offices des heures comme à la messe. Le chant peut être codifié et suivre une partition ou, ce qui se fait à capela, être cantillé librement au gré de l’inspiration du chantre. À l’époque de David, on mentionne divers instruments pour soutenir ce chant : harpe, cithare, trompette, cor, luth, tambourin. Un petit orchestre en somme.

Prier les psaumes, c’est prendre la suite de nos frères et sœurs juifs et particulièrement de tous les priants de la Tradition chrétienne, surtout monastique, qui ont fait usage de ces textes inépuisables. Notons ceux qui sont appelés les psaumes des montées (n°120-134), que le peuple revenant d’exil à Babylone a chanté en face des murailles de Jérusalem :

« Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! »

Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un !

C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. » (Psaume 121, 1-4)

Quand on découvre ces psaumes plus avant, ils nous révèlent une autre facette : ils sont une prophétie extraordinaire sur Jésus-Christ, ils anticipent sa venue, sa présence et ses sentiments heureux comme malheureux. Je désire vous encourager à prolonger cette lecture en ouvrant votre Bible, en choisissant un psaume guidé par le Saint Esprit, à oser chanter ou fredonner le texte tout en goûtant la saveur de sa poésie et en nous rappelant le nombre si grand de personnes qui se sont laissé toucher et conduire par leur beauté. Pensons même à Jésus qui durant sa vie cachée à Nazareth faisant son métier de charpentier psalmodiait les louanges à Dieu son Père du matin au soir.

Je cite un commentaire dans la Bible la TOB sur le psautier pour conclure : « le renouveau liturgique qui se manifeste dans les Églises chrétiennes favorise la diffusion du recueil des « louanges ». Certes, la piété authentique jaillit du cœur et ne se nourrit pas de clichés littéraires. Mais le psautier ne nous fournit pas des prières toutes faites ; il nous offre des prières à faire, il nous suggère des « chants nouveaux ». C’est pourquoi, permettons-nous une grande liberté pour nous tourner vers Dieu notre Père, en osant, comme la Vierge, puiser dans ces poèmes la matière de notre propre composition poétique et lui dire nos actions de grâce comme nos attentes les plus profondes.

Ce jour, prions le Magnificat de la Vierge Marie qui, comme je le mentionnais plus avant, est inspiré des psaumes. Entrons dans la joie de la Visitation que Marie fait à sa cousine Élisabeth.

« Mon âme exalte le Seigneur,

exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,

de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Lc 1, 47-55)

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