Témoignage du père Jean-Baptiste Popot

Juste avant de vivre son ordination le 24 juin 2016, il nous livrait son témoignage :

D’où êtes-vous originaire ?

Né à Dreux le 1 Septembre, j’ai fait toute ma scolarité à Dreux au primaire, collège et Lycée Saint-Pierre Saint Paul. Je vivais à Mézières en Drouais, le plus beau village français.

Quand avez-vous été ordonné diacre et où ?

Ordonné diacre le 21 juin 2015, en l’église Saint Lubin de Voves, Paroisse Saint Martin de Beauce

Quel a été votre parcours en quelques mots ?

En plus de la scolarité évoquée plus haut, j’ai fait 11 ans de scoutisme à Cherisy, musique, sport. Après le bac (littéraire en 2005) 5 mois de droit à Paris (FACO).  Mais ni le droit ni Paris ne m’ont plu (je suis un gars de la campagne). J’ai demandé à rentrer au séminaire au diocèse de Chartres et Laurent Percerou m’a proposé d’aller me former un peu pour découvrir la vie, un métier… Je suis allé faire un DUT carrières sociales option animation sociale et socio-culturelle (travailler auprès de groupes, particulièrement les marginaux en maison de quartier ou en centres sociaux) à Tourcoing. Vie pleine étudiante à Lille 2 fois par semaine les jeudis soir et le weekend. Puis en 2008 entrée au séminaire à 21 ans. Deux ans de cycle de philosophie, puis deux ans de coopération avec la DCC au Pérou dans un quartier populaire (40000 habitants) de l’Est de Lima, appelé Campoy, auprès du Père Humberto Boulanger. Retour au séminaire en 2012 pour le cycle de théologie. Je finis cette année avec le Bac canonique de théologie à la catho de Paris début Juin. Et attend ma nomination pour l’année prochaine.

Comment vous est venu le désir de devenir prêtre ?

D’abord en voyant mon petit curé (le Père Ferdinand lorsque j’étais enfant de chœur), car malgré sa taille quand il parlait à l’homélie toute l’assemblée était pendue à ses lèvres, et il avait des supers pouvoirs, puisqu’il transformait du pain en corps et du vin en sang… Bref, un peu d’orgueil pour devenir un super héros. Ma relation à Dieu a toujours était très simple, puisque je sais pouvoir compter sur Lui tout le temps, l’engueuler, le remercier, lui demander pardon, le supplier pour ceux que j’aime…  ce que j’ai pu vivre dans le scoutisme, avec les copains, avec ma famille… Puis avec le temps je me suis aperçu (surtout pendant mes études à Lille), que quand on n’a plus rien à offrir aux plus pauvres, moi j’avais cette espérance, cette flamme brûlante qui me fait vivre et que je voulais donner… Mais en étant salarié de l’état on n’en n’a pas le droit.

Alors je suis rentré au séminaire avec la résolution de trouver au plus vite LA RAISON qui me permettrait de me dire que Dieu ne m’appelle pas là… J’ai cherché cette raison jusqu’à la 4ème année de séminaire, et lors d’une retraite jésuite, alors que je posais la question depuis le début de semaine la question au Seigneur ce qu’Il attendait de moi… le jeudi m’est venu de très profond en moi la conviction que JE voulais devenir prêtre, pas forcément LUI, mais MOI… Alors il ne me restait plus qu’à attendre la confirmation de cet appel par l’Eglise, ce qui s’est produit l’année dernière.

Qu’est-ce qui vous attire dans la mission de prêtre ?

Énormément de choses, mais je n’ai pas les mêmes qualités que les autres, alors ce dont je sais pouvoir vivre c’est de l’Amour inconditionnel pour tout homme, quel que soit son parcours, et cet amour abimé du fait de ma petitesse est une porte ouverte pour annoncer à chacun combien Dieu, par Jésus-Christ l’aime particulièrement lui. C’est principalement cet Amour extrême que je veux annoncer, et je suis sûre que le Salut est là.

Ce qui m’attire encore c’est la proximité d’une vie cœur à cœur avec Dieu, avec la question déterminante. Puisque Dieu existe, qu’est-ce qui est plus beau, plus aboutie que de Lui offrir sa vie et de se plonger en Lui : dans les rencontres des frères et sœurs, dans le service des plus pauvres, dans la fréquentation des sacrements, et donc également maintenant dans le don de ces sacrements par l’Église.

Ce qui m’attire dans la mission du prêtre c’est qu’elle ne fait qu’un avec sa vie, il n’y a pas deux réalités parallèles, mais une vie vécue à fond, impossible si on ne se base que sur soi-même ou si on s’isole des autres chrétiens.

Les études sont à Orléans : comment réussissez-vous à développer des liens avec le diocèse  de Chartres ?

J’avoue que le premier cycle à Orléans a été peu propice à ces liens. Mais le service com a fait un bel effort pendant mes années au Pérou avec des photos envoyées, des nouvelles du diocèse… Aujourd’hui je sais à qui je dois ces années de formation, et quand ça devient barbant, parce que ce sont beaucoup d’heures de cours et de travail intellectuel, je me redis que ce sont mes frères et sœurs baptisés qui me permettent de faire ces études. Et puis La prière est un formidable lien qui ne souffre d’aucune distance, nous séminaristes du diocèse avons l’habitude de prier notre Dame du Sacerdoce pour ne faire qu’un et dans un seul but. Parce qu’on sait ce qu’on reçoit du diocèse. Un homme pense à donner sa vie pour les habitants de son diocèse parce qu’il sait combien il a reçu de lui. LA Foi d’abord… et tout l’accompagnement et la formation. Pour ma part depuis que j’ai 7 ans et que j’ai exprimé mon souhait de devenir prêtre.

Vos stages comme séminariste : qu’y avez-vous appris ?

Plus que les lieux se sont les visages qui marquent. Bernard Perthuis est parti il y a deux ans, je suis sûr de savoir tout ce qu’il était et que j’ai envie d’imiter. Et puis la pastorale s’apprend au contact des gens que l’on rencontre, qui sont déjà en place dans les services. Ces personnes-là sont nos premiers formateurs puisque c’est directement l’école de la vie. En plus des personnes je me suis imprégné d’une terre, et Dieu sait que la Beauce est une terre parfumée ! J’apprends à découvrir un territoire et son histoire, aujourd’hui à Châteaudun, en formation à l’hôpital, à la prison, à l’hôpital psychiatrique, en préparation baptêmes, mariages, obsèques, en aumônerie, au caté… Il est beau ce temps où nous prenons peu à peu des responsabilités, épaulés par notre curé. J’ai la chance avec Michel Boisaubert de pouvoir relire mes rencontres et activité, mes réflexions… ce qui constitue une expérience exceptionnelle qu’on m’offre.

Quand avez-vous entendu pour la toute première fois l’appel au sacerdoce ?

Je n’aime pas trop le mot « appel au sacerdoce», parce que je ne crois pas que chaque jour le Seigneur ouvre son annuaire et dit : bon aujourd’hui c’est au tour de qui ??? Tiens, JB ça va lui faire les pieds… En tout cas pour moi il n’y a pas eu UN jour. Je sais que vers 7 ans, la prière personnelle pour moi se limitait à un notre père et un je vous salue marie le soir pour ne pas faire de cauchemar… Et pourtant je suis sûre que la rencontre profonde d’amour avec Dieu, avec le Christ, c’est faite aussi par-là, comme à travers les belles figures de chrétiens auprès desquels j’ai grandie sur la paroisse.

Quelles expériences/type de personnes vous ont aidé à discerner votre vocation ?

Au présent je veux bien répondre à la question, parce qu’elle est sans cesse en discernement et n’est jamais actée, elle a besoin d’un choix permanent. Voca Junior, le service des vocations du diocèse, qu’animait Laurent Percerou et une belle équipe m’a accueilli vers 11, 12 ans, juste un espace pour dire sa foi, ses questions, aucune projection, aucune pression, une belle école de liberté. Puis c’est surement à travers le scoutisme que je me suis longtemps abreuvé à Dieu, parce que partout ailleurs j’avais honte de dire que j’étais catho. Et enfin quelques belles figures de prêtres m’ont offert beaucoup de temps de dialogue, et aujourd’hui une équipe de vie, un accompagnateur spirituel, un référent du séminaire

Qu’aimez-vous dans votre diocèse ?

😉 La liste va être longue mais surement moins que celle de Nico ! (Nicolas Boucée, ordonné diacre en vue du sacerdoce le 12 juin, NDLR). D’abord c’est le lieu où j’ai reçu la foi, et le baptême et ça c’est le plus beau cadeau, très sincèrement, que Dieu m’ait fait. Le diocèse, et particulièrement à Dreux m’a offert de grandir dans une diversité de populations, de cultures, de langues, de traditions, de religions, alors comment passer à côté de l’immense richesse de Dieu, et sa propre diversité ?

Les champs, je suis petit fils et neveu d’agriculteurs, et je crois avoir été touché de l’amour de cette terre, et plus encore depuis mon passage en Beauce… Sa campagne, ses étendues…

La pleine liberté qu’il m’a toujours donnée, avec Mgr Aubertin et Mgr Pansard. La générosité du diocèse pour me permettre de suivre la plus belle école de formation (humaine, spirituelle, pastorale et intellectuelle) que je souhaite à tout chrétien.

La taille petite et humaine de notre diocèse, et la possibilité de rencontrer tous les frères et sœurs sans trop de problème. Jusqu’à l’évêque se rend disponible facilement.

La magie de la Cathédrale et de son histoire.

Comment avez-vous vécu l’annonce de votre vocation, de votre entrée au séminaire, autour de vous ?

Je l’ai dit trop tôt et j’ai un peu souffert au collège de l’étiquette « futur curé » alors qu’à l’époque je souhaité simplement comme tous les ados me fondre dans la masse et qu’on ne me remarque pas.

En famille, les parents ne m’ont jamais poussé, n’ont jamais été intrusifs sur ma vie « sentimentale avec Dieu », ni aucune projection, tout en prenant mes souhaits comme ils prenaient ceux de mes frères et sœurs, avec joie mais sans pression. J’ai eu énormément de chance. Quant à une de mes grands mère, jusqu’à la fin de l’année dernière elle me répétait qu’il fallait bien que je prenne mon temps, que je n’étais pas prêtre encore 😉

Ma marraine par exemple a joué la liberté encore plus loin puisqu’à chaque étape elle m’a accompagné en m’ouvrant d’autres portes que celle du presbytérat.

Mes amis ont longtemps pensé que je n’irai pas jusqu’au bout, disant en riant que j’aimais trop la fête et les copines. Et peu à peu ils m’ont accompagné sans jamais juger alors qu’ils sont loin d’être des cathos pratiquants… Je crois qu’ils sont heureux pour moi

Que voudriez-vous dire à un jeune qui se pose la question de son appel au sacerdoce ?

Regarde combien Dieu t’aime, et combien Il aime chacune des personnes qui sont autour de toi. Si tu veux vivre de cet Amour pour Dieu et pour les autres fonce, et cherche sans t’arrêter, quitte à faire des bêtises. Et ne crois jamais que l’appel que tu ressens fait de toi un chrétien meilleur que les autres, mais est une manière d’aimer qui t’ai propre.

Que voudriez-vous dire aux paroissiens, aux diocésains, au sujet des séminaristes ?

D’abord et presque Uniquement MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII, pour votre prière, pour vos conseils, votre accompagnements, vos propres missions ecclésiales qui nous font dire que nous ne serons pas tout seul demain… Et de nous permettre de vivre cette aventure avec Dieu, en nous laissant tant de temps et d’occasions de réflexion sur notre propre vie… Nous avons une chance unique.

image_pdfimage_print

Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.